Lavelanet. Industrie lourde dans 10 ans : de l’ambition malgré le manque de main-d’œuvre

La Dépêche, 24 février 2023, 09:01
Les entreprises de mécanique lourde sont bien implantées à Lavelanet en Ariège. Mais pour se projeter à la hauteur de leurs ambitions, ces dernières vont devoir faire face aux problèmes de recrutements.
Entre Chaudronnerie mécanique ariégeoise (CMA) qui travaille avec le groupe Dassault ou bien le Cnes, Mecaprec en lien avec Airbus ou encore DR Technologie qui compte parmi ses clients Dedienne Aerospace, la mécanique lourde est bien implantée à Lavelanet.
Mais le plus grand défi pour ces entreprises, qui se veulent innovantes et ambitieuses, sera de trouver les solutions face à un manque criant de main-d’œuvre sur le secteur.
« Aujourd'hui, on a un gros déficit de main-d'œuvre. Le développement de nos entreprises ne passera que pas le recrutement. Il y a de moins en moins d'élèves, et de plus en plus de classes qui ferment », déplore Julien Constantino, responsable qualité chez CMA.
« Nous prévoyons d’arriver à une structure de 75 salariés pour un chiffre d’affaires d’environ 15 M€. On recherche du personnel qualifié, principalement pour des postes en production sur des machines de hautes technologies », insiste Quentin Ginibriere, chargé d'affaires chez Mecaprec.
Des entreprises pleines d'idées
Pourtant, les projets pour les années à venir sont bien là, avec des entreprises ambitieuses, qui veulent progresser. « On souhaite continuer à se développer en local. On voudrait faire une extension de bâtiment pour produire et stocker encore plus, moderniser notre parc de tour, etc. Mais tout est conditionné par l'embauche », détaille Julien Constantino. Même son de cloche chez Mecaprec : « nous prévoyons de continuer à investir sur du matériel de production et dans des outils numériques », lance Quentin Ginibriere.
Toutes ces entreprises ne demandent donc qu'une chose : trouver de la main-d'œuvre locale pour continuer de grandir en Pays d'Olmes. « On y est très attaché, pour apporter de l'activité économique dans une zone où il en manque un peu. Mais ça devient compliqué avec notre croissance : on aurait besoin de plus gros locaux, difficiles à trouver, en plus des problèmes de recrutement, on sera peut-être obligé d'implanter des sites ailleurs. Mais on souhaite continuer ici, c'est agréable », ajoute avec crainte Ludovic Rollin, codirigeant de DR Technologie avec Phoebus Darnaud, tous deux tombés amoureux de ce territoire.
Autre obstacle, depuis la crise Covid, c'est le coût des matières premières qui n'a cessé d'augmenter. Un phénomène qui c'est même accélérer avec la guerre en Ukraine, certains matériaux ayant « augmenté de plus de 50% » selon Ludovic Rollin. Les entreprises Lavelanétiennes essaient de trouver des solutions.
« La matière, c'est la base de notre métier. Aujourd'hui, l'évolution de son prix, on le subit. On essaie de se faire un stock. On a eu cette chance de ne jamais utiliser le chômage technique pendant le Covid. Nous allons travailler de plus en plus dès les avant-projets avec nos clients, afin d'anticiper, d'optimiser pour réduire ces coûts », indique Julien Constantino.
Vers une activité écoresponsable encore plus forte
Si le tournant écologique a déjà été pris par ces entreprises, elles comptent bien poursuivre la démarche pour les 10 ans à venir.
« Le nucléaire est devenu prégnant chez DR Technologie, explique Ludovic Rollin. Nos produits sont réutilisables et peuvent être décontaminés. C'est une vraie valeur ajoutée avec très peu d'exposition aux radiations. L'écoresponsabilité est un véritable objectif » Même vision pour Mecaprec, qui s'est déjà doté de panneaux solaires photovoltaïques, qui recycle 85% de ses huiles et qui prévoit un projet « zéro papier ».
« La démarche écoresponsable fait partie de l'ADN de Mecaprec. Il y a l'image de ces entreprises un peu lourdes qui reste. Mais on travaille aussi sur des solutions pour réduire notre empreinte carbone », assure Quentin Ginibriere.
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